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Commission
Céline Lacerte-Lamontagne
JUGE CéLINE LACERTE-LAMONTAGNE

(Extraits du rapport du 28 novembre 1996.)


ENQUêTE POLICI&eagrave;RE 1969

 

 

La disparition et l'enquête polici&eagrave;re de 1969

 

 

Sommaire
 

 

L'enquête polici&eagrave;re menée par ses pairs conduit vite au suicide...
 

Menée par le capitaine Gagnon, assisté du lieutenant Hubert avec l'idée arrêtée qu'il s'agit d'un suicide, cette enquête policière aurait dû être dirigée par les membres d'un autre corps policier et non par des policiers du même service et dont la compétence et le professionnalisme était mis en doute. MM. Gagnon et Hubert ont fait l'objet d'une recommandation de destitution de la part de la Commission de Police du Québec de 1969.


 
P.157
par. 1
Cette idée préconçue entretenue chez les policiers reçoit son aval des circonstances de la découverte de la dépouille... du comportement antérieur de M. Dupont, de son congé de maladie et de ses consultations médicales, et elle n'origine pas uniquement des policiers.

 
Par. 2
Cependant, cette hypothèse du départ fausse toute recherche objective et approfondie de tous les éléments et circonstances entourant le décès de M. Dupont. Elle limite et influence également l'autopsie et l'enquête du coroner. L'autopsie est celle d'un cas mineur présenté comme un suicide et l 'enquête du coroner conclut au suicide par aliénation mentale.

 
Par. 3
Cette idée préconçue, jumelée au fait que la direction de l'enquête policière soit confiée à deux personnes de réputation et de compétence douteuses, remet sérieusement en question la valeur, l'objectivité et les conclusions de cette enquête policière.

 
P. 156,
par. 3
La preuve a, par ailleurs, démontré l'absence réelle de tête dirigeante au sein du corps de police de Trois- Rivières; M. Poitras remplace M. Delage depuis peu et , même s'il possède le titre de directeur par intérim ou chef de police, il ne semble pas diriger beaucoup durant cette période de bouleversements au sein de la police trifluvienne. C'est donc dans ce contexte qu'est conduite l'enquête sur la mort de M. Dupont.

 
Page 7
Par. (1)
...L'imputabilité de l'assignation de l'enquêteur responsable doit revenir à M. Poitras (Directeur par intérim) mais ce dernier déclare qu'il n'a pas fait cette désignation. M. Gagnon (capitaine- détective) a donc pris les décisions. Le visionnement de la conférence de presse en date du 8 novembre 1969 en constitue un exemple frappant.

 
Par. (2)
Lors de cette conférence de presse, M. Poitras et Gagnon établissent les faits concernant la disparition de M. Dupont... Les explications hâtives concernant la disparition de M. Dupont font déjà référence à son état dépressif et elles nient toute relation entre son absence et la C.P.Q. (Commission de Police du Québec). Ces affirmations sont encore étonnantes et prématurées, mais encore aujourd'hui M. Poitras, sans qu'il n'ait de base pour l'affirmer, confirme que la disparition de M. Dupont n'est pas liée à la C.P.Q., ni à la possibilité d'un suicide. Faut-il interpréter cette assertion du directeur comme une preuve de la connaissance des circonstances entourant la disparition de M. Dupont ?

 
Page 8,
Par. 2
Clément Massicotte apprend de M. Gagnon lors de la lecture des plaintes le lendemain ou le surlendemain, que M. Dupont est disparu et qu'il est "sur une dépression" et qu'il faut patrouiller partout à Trois-Rivières pour essayer de le retracer. La recherche, sans plan établi, est laissé à l'initiative de chaque détective; il patrouille avec le sergent-détective Fernand Thibeault durant 2 à 3 jours en parcourant le boulevard St-Jean sur toute sa longueur sans voir le petit chemin où sera finalement découvert M. Dupont.




 
Page 11,
Par. 1
L'annonce de la disparition du policier Dupont suscite un vif émoi dans le service de police. La prise en charge et la direction des recherches manquent nettement de coordination, de structure et de suivi et les recherches effectuées entre le 5 et le 10 novembre 1969 sont laissées à l'initiative des enquêteurs et des policiers.

 
Par. 2
Le plus bel exemple demeure le voyage de MM. Hubert et Buckley à Montréal du 7 au 10 novembre 1969. Il est difficile de croire que les policiers circulent pour ne pas dire errent dans les rues de Montréal durant 3 jours. L'incapacité de M. Hubert de nous préciser les endroits qu'il fréquente n'est pas crédible. De même, dans son rapport d'incident du 18 novembre 1969, le détective ne déclare pas le but exact des ses recherches à Montréal car il ne veut pas, dit-il, ternir la réputation de M. Dupont. Les policiers ont-ils rencontré des personnes qu'ils ne veulent pas mentionner? Ont-ils été rémunérés pour se payer du bon temps à Montréal ? Ont-ils vraiment cherché M. Dupont ? La spéculation sur les activités de M. Hubert et de M. Buckley ouvre la porte à plusieures hypothèses auxquelles la preuve ne permet pas de répondre.





  Témoignage de Clément Massicotte
le 27 juin 1996 : 



P. 31 

M. Massicotte dit : «Je savais que je n`aurais pas l`enquête, pis arrangez-vous avec vos bébelles


P.64

«Ils ont téléphoné (Poitras ou Gagnon) à l'Institut Médico-Légal, je crois, parce qu`ils ont pris des arrangements pour que l`autopsie se fasse au cours de l`après-midi. Les arrangements c`est un officier qui me l`a appris à mon retour le 10 novembre au soir.»







Témoignage de M. Denis Martin, photographe judiciaire de la police de Trois-Rivières le 26 juin 1996.



P. 40

Q.: Alors on vous a appris qu`il était disparu, est-ce qu`on vous a dit pourquoi il pouvait être disparu ?


R.:Par le fait que ça s`est parlé "que c`était suite à son témoignage à l`enquête de la C.P.Q. en 1969."







Témoignage de Fernand Thibeault le 28 juin 1996



P. 38


Q.: Vous avez dit qu`il était dépressif ?


R.:Bien oui, c`est ce qu`on entendait parler au poste de police que ça pouvait être une dépression.







Témoignage de Georges Marquis le 20 juin 1996



Pp 238-240


Q.: Est-ce qu`effectivement Georges Gagnon vous a laissé entendre que c`était un suicide ?


R.: Oui, il m`a laissé entendre que c`était un suicide dans l`après-midi de la même journée (10 novembre) et qu`il avait trouvé une lettre, une note dans le véhicule, je pense au moment même où je rédigeais mon rapport. D`ailleurs le matin même lorsqu`on avait une directive de retracer le véhicule et M. Dupont, il se disait dans les postes de police que : «Possiblement que M. Dupont vivait une dépression».








Témoignage de Mme Linda Gosselin le 11 juillet 1996
(Amie de la famille).



Pp. 73-75

Mme Gosselin dit :«La veille de sa disparition, Mme Dupont avait dit à M. Dupont : "Fais attention à toi" ! Après ça je l`ai pas revu. Le lendemain ou deux jours plus tard, il y avait deux autos...de police...Il y avait deux autos noires dans le coté de la maison (au coin de La Jonquière et de Marie de L`Incarnation.) On appelait ça des autos fantômes dans notre temps. Elles étaient l`une derrière l`autre. Je suis allée voir, mais Mme Dupont n`aimait pas tellement ça. J`y ai été pareil.»


Pp. 77-79

Mme Gosselin dit : «Ils étaient deux dans la première et deux dans la dernière. C`était deux voitures fantômes de la police. Je pense qu`on les retraçait bien dans ce temps là et parce que c`était deux pareilles. Personne n`a bougé, ça regardait en avant et personne ne m`a répond, c`est comme si on avait mit quatre bonhommes de plâtre.»


Pp. 81-83

Mme Gosselin dit : «À peu près deux jours après il y en avait deux autres de stationnées de l`autre côté de la rue (Marie de l`Incarnation) mais plus loin de la maison près du champ. Ils étaient deux dans chaque auto. Je n`ai pas été voir parce que là M. Dupont était disparu, là ! Il y avait plus d`inquiétude là aux alentours. On a tout vu avec Mme Dupont et mon amie Johanne, on était tous là. C`était le même type de véhicule.







Témoignage de Mme Claire Dupont, le 19 juin 1996
(soeur de M. Dupont)



 Pp.60-65

Mme Dupont dit : «Il est venu me reconduire vers
20 : 30 h - 20 : 45 h le 3 novembre 69 au soir chez-moi car je faisais un manteau pour France sa fille. Puis il m`a dit : "Écoute, j`ai mis mes `tires` (pneus) à neige", pour l`hiver là...et puis il m`a dit ça fait un sillage» Il regardait souvent, souvent dans son rétroviseur. Je lui ai demandé pourquoi il regardait toujours là ? Il m`a dit : «J`ai peur qu`il y ait quelqu`un qui suive en arrière.» Pourquoi, t`as peur d`être suivi ? Ah, il dit : «Ça va mal au poste de police, là, j`ai peur qu`il y en ait qui m`en veuille.» Je lui ai dit, quand le manteau sera prêt, j`appellerai chez-vous. C`est correct, t`appelleras je passerai le chercher.







Témoignage de Johanne Dupont, fille de M. Dupont, le 17 juin 1996.



Pp 183-186

Johanne Dupont dit : « Le matin du 5 novembre j`ai vu une voiture noire la même parce qu`elle était pareille comme celle qui nous suivait depuis le lundi 3 novembre au matin, les trois derniers jours que j`ai vu mon père. Il m`a dit : « C`est dangereux, ils peuvent te tuer.»

Q.: Quelle grosseur avait cette automobile ?

R.: Aussi grosse que celle qu`il avait comme auto de police, je dirais là. Le 5 au matin, quand il m`a déposé au coin de la rue Royale, près de mon école, il m`a embrassée et m`a dit : « Je reviendrai te chercher à la fin de la journée comme d`habitude si je ne suis pas à l`extérieur (de la ville)...et fais bien attention aujourd`hui.»

Pp. 197-199

Johanne Dupont dit : « Le 6 novembre après le souper, j`ai été répondre au téléphone et j`ai reconnu cette voix laquelle avait menacée mon père à la fin de l`été en lui disant : "T`as besoin de lever ton révolver le premier Dupont parce que moi j`te manquerai pas." Donc celle-ci a demandé si mon père était là ? Non. Il a dit : «Ah, mais quel dommage... Pourquoi que la police de Trois-Rivières ne le fait pas rechercher du bord (du côté) de Montréal» ...et il a raccroché. »



 



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