La Presse, Montréal, vendredi 12juillet 1996
Presse Canadienne
Affaire Dupont : L'enquête tourne au vaudeville
Mme Odette Gagnon-Jacob, la fille du capitaine Gagnon, venait alors de nier
les allégations de Me Méthot sur un prétendu tueur à gages qui aurait été
responsable de la mort de M. Dupont. Elle a bel et bien rencontré l'avocat
le 9 juillet dernier dans un restaurant. Mais elle n'a jamais dit qu'un
dénommé Martel avait tué Louis-Georges Dupont, M C'était une boutade. Je ne
sais pas qui est Martel. C'est une clownerie ce qui s'est passé ce matin-là
», a-t-elle raconté.
Lors de son témoignage, mardi, Me Méthot disait connaître le nom du tueur à
gages qui aurait abattu Louis-Georges Dupont. Il prétendait que cette
information lui avait été confirmée le matin même par la fille du capitaine
Gagnon.
Mais la version de Mme Gagnon-Jacob diffère en partie de celle de Me Méthot. En fait, elle était attablée au restaurant en compagnie de son mari lorsqu'elle a entendu la voix de Me Méthot. Il aurait alors dit à une serveuse qu'il allait témoigner à la commission pour y révéler le nom du tueur.
Le mari de Mme Gagnon-Jacob, Serge Jacob, a alors demandé à l'avocat quel
était ce nom. Ce dernier a répondu Martel, ce qui n'a pas manqué de
surprendre Mme Gagnon-Jacob. « Je me suis demandée comment un avocat
consciencieux pouvait ainsi divulguer un nom pour une chose aussi grave et
avec autant de facilité », at-elle signalé.
Selon la fille du capitaine Gagnon, qui fut le supérieur de Louis-Georges
Dupont, son père ne parlait jamais de son travail à la maison. Elle se
souvient seulement de l'avoir vu pleurer lors de la mort du policier Dupont.
Le gendre du policier a de son côté déjà demandé à Georges Gagnon s'il
croyait sincèrement au suicide du policier. « Il m'a dit que Dupont avait
peur de quelque chose avant sa mort et lui avait demandé du travail à
l'intérieur du poste. Étant donné que M. Gagnon trouvait son comportement
anormal, le croyant en dépression nerveuse, il a toujours cru au suicide.
C'est la seule fois d'ailleurs que mon beaupère m'a parlé de ses affaires »,
a-til raconté.