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La Presse, Montréal, jeudi 19 septembre 1996
André Cedilot

Les experts sont loin de faire la lumière sur la mort du policier Dupont.

Trois-Rivières - Comme prévu, la longue enquête publique sur les circonstances de la mort du policier Louis Georges Dupont, à Trois-Rivières, en 1969, s’est transformée en bataille d’experts… Sans vainqueur pour l’instant.

Hier, le médecin légiste américain Louis S. Roh, embauché par la famille du défunt, a réfuté un a un les principaux arguments de son collègue de New York, Michaël Baden, qui croit que le policier s’est suicidé.

Devant la juge Céline Lacerte-Lamontagne, qui préside de la commission crée sur l’ordre de la Cour supérieure, le docteur Roh, 54 ans, a défendu avec acharnement sa thèse voulant que le policier est été tué d’une balle dans le dos et, par conséquent, qu’il ait possiblement été victime d’un meurtre.

L’expert américain, qui a lui aussi assisté à plus de 20 000 autopsies depuis 1973, est convaincu que le trou observé sur le sternum du défunt n’est pas d’une marque de balle, mais une malformation génitale.

Cette anomalie est tellement rare - seulement de sept à huit % de la population en serait atteinte - qu’il n’est pas surpris qu’elle puisse confondre des médecins légiste. En dépit de sa longue feuille de route, c’est la première fois qu’il est confronté à un cas semblable.




 
« Une malformation du sternum est si peu visibles qu’elle échappe même aux radiographie de routine effectuées sur ceux qui sont vivants », a-t-il expliqué, disant s’être informé auprès d’un l’anthropologue de New York, « le professeur Tylor », a-t-il précisé, à l’invitation pressante du procureur de la commission, Marc David, qui s’est s’étonnait qu’il n’est pas plutôt consulté un omnipraticien ou un radiologue.

À l’appui de son argumentation, le spécialiste du comité de WesterShire, dans l’État de New York, à souligné que la perforation découverte sur le sternum du policier Dupont était de moindre dimension que la balle de calibre. 38 qui l’a tué. Il n’y avait pas non plus de trace de plomb sur les ossements lors de l’autopsie qui a suivi d’exhumation du corps, le 27 août.

Contrairement à tous les autres experts qui ont témoigné devant la Commission, le docteur Roh soutient que la balle mortelle est entrée par le bas du dos du policier. Elle a ensuite traversé les côtes et leur cœur avant de sortir par le thorax. Elle n’a donc jamais touché au sternum.

« Et le dépôt noir découvert sur la poitrine du défunt, c’est quoi, sinon la plaie d’entrée de la balle? » a demandé Me David, en lui montrant des photos prises lors de la première autopsie, en novembre 1969. « C’est du sang desséché, a répondu le médecin.

 

 

 

 

 

Si les photos de la deuxième autopsie à laquelle il a pris part le mois dernier portent à confusion, explique-t-il, c’est qu’elles ont été prises le lendemain de son expertise avec le docteur Michaël Baden et l’anthropologue judiciaire Kathleen Reich, qui avaient abîmé le sternum en manipulant les ossements.

Le docteur Roh à témoigné avec brio jusqu’à ce que Me David lui demande d’expliquer comment il se faisait que le projectile avait terminé sa course dans la banquette de l’auto de police sur lequel était assis monsieur Dupont. « Je comprends mal qu’il est été tué avec une balle en plomb, alors qu’on a retrouvé cinq balles de cuivre chemisées dans le barillet du revolver », a-t-il avancé.

Le contre-interrogatoire s’est terminé sur une note spectaculaire lorsque Me David lui a lancé en fusillade une douzaine de questions visant à déterminer si un médecin légiste devait tenir compte d’autres critères que les ossements pour se prononcer sur les causes d’une mort. Tel la position du corps, l’absence d’altercation, une note de suicide, a indiqué l’avocat, entraînant chaque fois un oui retentissant de la part de l’expert américain.

Après plusieurs mois et l’audition de quelques 200 personnes, la juge Lacerte-Lamontagne devra trancher le débat. Elle doit remettre son rapport le 29 novembre.

Bien que satisfait du témoignage de M. Roy, les membres de la famille Dupont ont continuer de crier au complot et dénoncer la façon dont la Commission à mené l’enquête. « On ne s’attend pas à une décision favorable. Tout était arrangé pour protéger les experts qui ont procédé à la première autopsie et conclu au suicide de notre père », à lancé Jacques Dupont, rouge de colère.