La Presse, mardi, 27 août 1996 Par Mathieu Perreault
Le cercueil de Dupont "en bon état".
Trois-Rivières - Le mari et les
deux enfants de France Dupont-Noël attendaient silencieusement devant la
grille du cimetière Saint-Michel, hier vers 13h30 à Trois-Rivières, pendant
que la femme de 38 ans se recueillait devant le cercueil de son père, le
policier Louis Georges Dupont, exhumé près de 27 ans après son décès.
L’opération a totalement satisfait le docteur Michael Baden, le pathologiste
américain chargé de procéder à une deuxième autopsie des restes du policier,
sur l’ordre de la juge Céline Lacerte Lamontagne.
La présidente de la commission d’enquête sur cette mystérieuse mort par
balle devrais savoir d’ici un ou deux jours si le projectile est entré par
le dos ou la poitrine du policier, accréditant ou non la thèse du meurtre.
Même la famille du défunt est prête à accepter les conclusions du docteur
Baden.
« Je suis toujours convaincu qu’il n’était pas nécessaire de sortir mon père
d’e terre, mais j’ai reconnu le cercueil et l’huissier qui surveillera
l’autopsie m’a donné confiance », explique Robert Dupont, qui se bat depuis
plus de 12 ans pour que soit révisé le verdict de suicide établi en 1969.
Depuis quelques semaines, monsieur Dupont multiplie les déclaration de non
confiance envers la commission.
Les travaux ont commencé vers huit heures, derrière un écran de toile de
plus de 2m de hauteur. Deux pelleteuse-chargeuse ont commencé l’excavation,
qui s’est poursuivie à la pelle peu après 10 heures. Les fossoyeur ont
d’abord retiré le cercueil de la mère de Louis Georges Dupond, Rachel Héroux
Dupont, qui reposait sur celui de son fils. Vers 11h30, le cercueil du
policier était retiré du trou sans qu’il soit nécessaire de déplacer les
quatre autres tombes gisant dans la fosse.
« Le bois semble assez bien conservé, a
indiqué François d’Aviault, le procureur de la commission. Nous avons pu
soulever le cercueil afin de glisser dessous une plaque de bois. »
La dépouille de Rachel Héroux-Dupont devait être remise en terre hier
après-midi. Avant de procéder à l’autopsie proprement dite à Montréal,
l’anthropologue Kathleen Reichs devra récupérer les ossements dans le
cercueil, dont le couvercle éventré laissait entrevoir qu’il était rempli de
sable, selon Me Daviault.
L’équipe pourrait toutefois éviter de devoir manipuler les restes du
policier si l’impact de balle sur le sternum est visible à l’aide de rayon
X.
Les experts de la famille et de la commission assisteront au travail de
Docteur Reichs et Baden. Pendant les ajournements, un huissier aposera des
scellés dont les numéros ont été choisis par les Dupont.
D’ores et déjà, la famille a indiqué qu’elle demeurais convaincue que
Louis-Georges Dupont a été assassiné.
« Si la balle est entrée par la poitrine, rien ne prouve que c’est mon père
qui l’a tirée » soutenait hier Mme Dupont-Noël »
Deux mois avant sa mort, survenue entre le
5 et le 10 novembre 1969, Louis-Georges Dupont avait participé à une
commission d’enquête sur un vaste réseau de prostitution impliquant des
policiers trifluviens. Certains policiers ou même la pègre pouvaient lui en
vouloir, disent ses enfants.
De plus, son visage était tuméfié, aucune tache de sang n’apparaissait sur
le siège de sa voiture et la crosse de son arme ne portaient pas ses
empreintes digitales, entre autre faits troublants.
Mais les experts convoqués par la commission ont trouvé une explication
plausible à tous les détails étranges du dossier.
Si la thèse du meurtre était retenue, la famille pourrait réclamer de la
municipalité des rentes de 400 000$.
Quoi qu’il en soit la journée d’hier a été l’occasion d’un deuxième deuil
pour France Noël-Dupont, ses deux frères et sa soeur. Leur mère n’ayant pas
eu la force d’assister à la sortie de terre de son mari, ils faisaient
ensembles les cents pas autour des fossoyeurs.