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La Presse, Montréal, mercredi 17 juillet 1996
Presse Canadienne
 

Affaire Dupont : Les experts témoignent de nouveau

Trois-Rivières - Le pathologiste Jean Hould continue d'affirmer que la balle qui a tué le sergent détective Louis-Georges Dupont est entrée par l'avant. Dans la première partie de son témoignage devant la Commission Lacerte-Lamontagne, hier, à Trois-Rivières, il a en effet réitéré que la plaie d'entrée se situait à l'avant et la plaie de sortie dans le dos."

Appelé à expliquer ses notes personnelles du 10 novembre 1969, prises au moment de l'autopsie du corps de Louis-Georges Dupont, M. Hould a tout d'abord commenté l'examen externe du corps. Il aurait ainsi remarqué que la chemise blanche du policier était percée et légèrement brûlée autour du trou à l'avant.

Sous la chemise, il a vu une « plaie d'entrée » de 12 millimètres de diamètre, légèrement à gauche de la ligne médiane antérieure. « Ma première impression fut que c'était la plaie d'entrée. Car les vêtements étaient souillés de sang et noircis », a-t-il mentionné. Le pathologiste a alors précisé qu'il s'agissait de « noir de fumée », causé par la bouche du canon. Quant à la plaie du dos, il a parlé de l'« orifice de sortie paravertébral ».

M. Hould a également précisé que le dossier de Louis-Georges Dupont lui avait été présenté dès le départ comme un cas de suicide.

Son témoignage devrait se poursuivre ce matin. Le pathologiste a en effet été appelé à la barre des témoins en fin d'après-midi seulement.






 

C'est Gérald Caron qui, le premier, a rendu son témoignage hier. Rattaché au service d'identité judiciaire de l'Institut de médecine légale de Montréal en 1969, il a procédé à l'analyse de l'arme de service du policier Dupont. Selon lui, le Colt 38 spécial ne portait pas d'empreintes digitales valables permettant de faire une comparaison et d'établir que Louis-Georges Dupont tenait vraiment l'arme. « Il n'y avait pas suffisamment de points de comparaison ou de caractéristiques. Il y en avait peut-être trois, mais il en faut au moins douze pour établir une certitude », a-t-il signalé.

M. Caron a par ailleurs indiqué qu'il était très difficile de trouver des empreintes valables sur une arme. La surface de la crosse est en effet rugueuse et les surfaces métalliques et lisses seraient trop petites.

Pour appuyer sa thèse du meurtre, la famille allègue entre autres l'absence d'empreintes digitales sur l'arme du policier et prétend que c'est quelqu'un d'autre qui a appuyé sur la gâchette.

L'expert en balistique de l'Institut de médecine légale, M. Jean Lepage, a lui aussi témoigné, hier, en se basant sur ses rapports de l'époque. Il avait en effet procédé en 1969 à l'expertise de l'arme à feu, des cinq cartouches, de la douille et de la balle. Il ne fait aucun doute dans son esprit que la balle retrouvée dans le siège de la voiture du policier était un projectile de plomb. Mais comme la balle était trop avariée, il ne peut certifier qu'elle provenait bel et bien de l'arme du policier.





 

 

 

 

 

Par contre, après avoir examiné le poids de la balle et ses rayures, il est en mesure de constater que le projectile provenait d'un revolver semblable au Colt 38 spécial.

Au cours de sa carrière, il a remarqué quelquefois que des balles étaient trop avariées pour établir des certitudes. Cela se produit lorsque la balle traverse plusieurs substances, perdant ainsi sa forme.

Mais il est en mesure d'affirmer que la douille de calibre 38 spécial provient du revolver de service de M. Dupont.

Quant aux cinq cartouches, elles sont en plomb. Il est catégorique à ce sujet, et ce, bien qu'une noie de l'Institut médico-légal laissait croire que deux de ces cartouches avaient des pointes chemisées. À ce sujet, M. Lepage croit qu'il s'agirait d'une erreur du policier qui a remis les cartouches ou du secrétariat.

Lorsqu'il a été interrogé par Me Pierre Gagnon, M. Lepage a signalé qu'il n'a pas fait cette expertise balistique tout en étant influencé par la probabilité du suicide, « Il arrive justement que ce qui semble être un suicide devient un meurtre au fil de notre travail », a-t-il répondu.

Il trouve par ailleurs dommage qu'il n'y ait pas eu une analyse des vêtements. « Cela aurait été important, surtout dans ce cas-ci. Les vêtements fournissent de précieux renseignements. Mais c'est le pathologiste qui doit en faire la demande », a-t-il précisé.

Enfin, Edmond Charest, un policier retraité de la Sécurité publique de Trois-Rivières, a rappelé que les balles utilisées à l'époque par les policiers étaient en plomb, de calibre 38 spécial. Il n'a jamais eu connaissance que l'on ait utilisé d'autres balles.