La Presse, Montréal, 26 août 1996
Par Éric TrottierLe corps de Louis-Georges Dupont exhumé
Ses enfants craignent les résultats de la nouvelle autopsie qui sera faite
Leur thèse peut sembler farfelue, mais elle n'est pas dénuée de tout fondement. D'abord le policier Dupont avait participé deux mois avant sa mort à une commission d'enquête visant à dénoncer ses collègues impliqués dans un vaste réseau de prostitution à Trois-Rivières. Certaines personnes (des policiers ou la pègre, affirment ses enfants) pouvaient lui en vouloir.
À leur avis, le visage tuméfié du policier montre également qu'il a soit été battu, soit qu'il est tombé quand il est mort. Les enfants du policier pensent également que les photos des plaies causées par la balle démontrent que celle-ci est entrée par le dos, et non par la poitrine comme l'ont toujours dit les autorités.
Et puis, soutiennent-ils, la police de Trois-Rivières et tous ceux «qui ont travaillé dans ce dossier ont laissé planer bien des mystères autour de cette mort.
Depuis quatre mois, le juge La- certe-Lamontagne a vu la plupart des acteurs de l'affaire Dupont défiler à la barre des témoins. Bien que la famille Dupont admette avoir progressé dans ses recherches, elle déplore que plusieurs témoins (les anciens collègues de leur père, notamment, et même des médecins) se soient contredits ou aient carrément menti...
« Ils ont carrément ri de nous. J'espère que le juge Lacerte-Lamontagne ne sera pas dupe», dit France Noël. La famille Dupont ne nie pas qu'elle craint les résultats de cette seconde autopsie. Après tout, le spécialiste américain qui procédera aux analyses, Michael Baden, pourrait lui aussi arriver à la conclusion que la balle qui a détruit l'aorte de Louis-Georges Dupont est entrée par la poitrine ( ce qui accréditerait la thèse du suicide ).
Mais quelle que soit la conclusion des nouvelles analyses, les enfants Dupont ont choisi leur camp : ils n'accepteront pas plus qu'avant le suicide de leur père.
« Le docteur Baden ne peut pas en arriver à cette conclusion, dit Jacques Dupont. Mais il y a tellement eu de corruption autour de la mort de mon père que ça me fait peur. S'il n'y a pas de corruption, si personne ne se fait acheter d'ici jeudi, ça va aller : la vérité va sortir et on va enfin savoir que la balle est entrée par le dos...»